jeudi 24 mai 2012

LA VIE EST UNE FETE ?



22/05/2012
Ce soir je prépare des petits en-cas pour mon chéri et moi. Dans deux jours, cela fera 9 ans que nous nous sommes mariés. Pour fêter cela, j'avais pris rdv dans notre spa préféré à Mouscron il y a des mois de cela (c'est un Spa très demandé).
(Cela me donne en même temps une drôle de sensation. J'étais alors encore en poste quand j'avais noté ce rdv dans le Filofax très classe que j'ai laissé au bureau. Mais, parfois, je me demande si tout cela a réellement existé...comme une vie parallèle)

Mais, je dois dire que je me sens remarquablement bien à l'idée de ne pas laisser cette soirée se dérouler sans un peu de magie...Pendant mes préparatifs, m'est revenue une phrase d'une fille qui est en passe de devenir une nouvelle référence pour moi. C'était dans une interview de la rubrique "une fille-un style" de l'émission "la mode la mode la mode". Le principe est simple : "comment, darling, as-tu réussi à avoir ce style incroyable ?" "oh ben, j'associe des petites choses simples, une veste Chanel, des répettos et un jean vintage de chez Armani !"...Vous voyez le genre ?
Mais celle à qui je pense c'est Joséphine ! Elle est la fille du batteur (je crois ?) d'Alain Bashung. D'où le titre de son spectacle : Joséphine ose ! Certes, j'ai fait connaissance avec elle à travers cette émission, disons...en dehors des réalités, mais Joséphine est différente : D'abord, elle a une collection incroyable de chaussures, rangées dans un style très personnel, mais surtout elle associe une grâce naturelle à un sens certain de l'auto-dérision et une fantaisie joyeuse qui fait du bien, même à travers l'écran de télé. Oui, quand Alexandra G s'étonne que cette charmante enfant aille faire ses courses dans une belle petite robe noire, elle répond : "Ma vie est une fête perpétuelle !"
D'ou la question fondamentale que je me suis posée : Est-ce que la vie est une fête ou peut-on faire de sa vie une fête ? Si je prends le cas de Joséphine, pourquoi pas puisqu'elle vit (suffisamment bien j'espère) de ce qu'elle aime. Elle a écrit seule les chansons, textes, vannes et certainement aussi les chorégraphie de son spectacle. Et elle écrit aussi pour les autres. D'où mon intérêt et mon respect. On pourrait argumenter, face à son teint frais, qu'à la vingtaine oui la vie est une série ininterrompue de choses drôles (!) et oh tellement excitantes (!!), mais Joséphine a 28 ans et elle fait preuve d'une belle maturité. Tout en restant pétillante. Une sorte de Bollinger quoi !

Je dois dire que mon éducation ne m'a pas portée vers une légéreté sans fin...mes parents étaient des personnes très sérieuses qui ont définitivement décidé de ne plus s'amuser aprés l'été 1985. Il ne s'était pourtant rien passé de spécial si ce n'est que nous avions déménagé. Ma grand-mère, que les anges la protégent quand même, n'a jamais souri sur une photo. (En fait j'en ai une d'elle, que je cache précieusement, où elle tire la langue...un moment de grâce).
Ne pas paraitre sérieux est considéré comme une faute grave dans nos sociétés. C'est assimilé à de l'incompétence, ou à un manque de respect.
Pourtant, je constate dans l'éducation de ma fille que ce sont les choses apprises de façon ludique qu'elle retient le mieux. Je ne vous parle évidemment pas du fait de traverser la rue ou même de se promener prés des voitures sans me tenir la main. Cela fait partie des choses non négociables. Tout comme toucher à mes bijoux.

Il y a des fêtes tristes, je suis d'accord. Celles qui sont ratées parce que les invités ne sont pas venus, par exemple. D'ailleurs, une des scènes que je ne supporte pas de ma série chérie, Friends, est celle où Ross attend seul devant son buffet intact des invités qui font une méga-teuf tout à côté de chez lui. Cela m'est insoutenable. Oui, j'imagine que cela évoque l'abandon pour moi.
Il y a des fêtes où l'on ne se sent pas à sa place ou pire où l'on se sent de trop. Et pourtant des miracles se produisent parfois. Je pense au personnage de Sex and The City, Standford, qui est très mal à l'aise dans cette boite gay où tous les autres mecs sont gaulés comme des dieux...jusqu'à ce que le plus beau de tous s'intéresse à lui parce qu'il porte des slips français, et qui lui offre un verre. (aurais-je omis de vous signaler que c'était une soirée "sous-vêtement" ?).

Au début de la trentaine, je désespérais de n'avoir pas assez perdu les nuits de ma jeunesse en boite et que maintenant c'était trop tard, que plus jamais je n'allai grimper sur une chaise en faisant l'animation à moi toute seule. Une de mes anciennes collègues, devenue une amie, m'avait dit une chose que je garde comme un Graal sacré, un mantra, bref, quelque chose que j'aime bien répétter et me répetter "tu vas encore t'amuser..mais autrement". Bah oui, c'est simple et évident mais cela sous-entend que tout doit se renouveler, se réinventer. Et que rien n'est perdu.
Bon, elle avait aussi l'habitude de dire "j'ai 17 ans...dans ma tête". On sait bien que ce n'est pas vrai. Ni pour elle, ni pour moi : On connait beaucoup plus de positions maintenant c'est évident.

La vie, c'est aussi des coups durs, des déceptions ...amoureuses, en amitié ou au boulot. Dans le fond, c'est toujours la même petite voix en nous qui demande pourquoi on ne nous aime plus.
Pourtant, je me sens infiniment mieux à ajouter des bulles ou des couleurs à la vie, à voir le noir brillant. Un peu comme Fran Drescher (pour ceux qui ont bien vécu dans les années 90, la série : une nounou d'enfer). Elle est celle qui est habillée en rouge quand tout le monde porte du beige. Elle avait certes des tenues improbables (à losanges rouge et vert parfois) mais personne ne s'est jamais ennuyé en sa compagnie.

Faire de sa vie une fête c'est aussi avoir une conception bien particulière du bonheur.
L'année dernière, lorsque j'ai suivi la formation sur "le Bonheur au travail", l'animateur avait soulevé que le fait de paraitre heureux était souvent associé à de la bêtise, ce qu'il déplorait fortement bien entendu. Ah cette belle expression : un imbécile heureux.
Est-ce que le bonheur rend vraiment niais ? Mais si être joyeux vous fait passer pour un benêt, la tristesse vous rendrait-elle pour autant plus fin dans votre analyse ?
Pourtant, être gai nous rend infiniment plus efficace dans le travail, plus patient face au quotidien. Et puis, n'est-ce pas dans ses moments-là que l'on se sent le plus vivant et le plus "soi-même" ? L'argument "il m'a fait perdre l'esprit", "je n'étais pas moi-même" tient-il vraiment ? Ou n'est-ce finalement que l'expression d'un désir bien enfoui, là-bas tout au fond, sous les couches successives d'idées reçues et d'interdits ?
Avoir maintenant concience de ce qui est et fait mon bonheur est une des meilleures choses qui me soient arrivées. J'avais écrit une chronique là-dessus (qui a été perdue) où j'exprimais que cela m'a transformée et a changé mon regard sur ma propre vie. Cela n'exclut pas les moments de blues où le désespoir vient se rappeler à moi, mais j'arrive maintenant à le laisser toquer derrière la fenêtre. Et quand un peu aprés, je tourne de nouveau la tête, il est parti là-bas, dans son paysage de neige. Le soleil s'est montré et mon despoir fuit très loin. Et moi, je vais sortir pour m'amuser et faire un bonhomme de neige.
Ou aller profiter de ma terrasse, du jardin...il fait beau aprés tout. C'est tout de suite plus festif de tartiner du saumon fumé ou de la tappenade sur des miches de pain quand on le fait sous une pergola où pousse de la glycine, non ? Surtout quand on pense qu'on pourrait bien se faire un verre avec un truc sympa dedans. Personnellement, la simple vue de feuilles de menthe dans un verre avec du sucre et des glaçons me remplit de joie...