Je feuillette parfois
le blog de Garance Doré*, très connue
des fashionistas, dont je ne suis pas - je vous rappelle que je n’aime rien tant que
les robes à fleur (Trop « old fashion », je crois).Pourtant, j’y vais lorsque je veux rattraper mon
retard en matière de mode ou attraper des idées, avoir la sensation d’être dans
la vie, quoi. Et puis, Garance prend des photos comme personne.
Lors de ma
dernière visite, j’y ai trouvé une vidéo où elle s’entretient avec une certaine
Costanza (Pascolato). Sa présentation m’apprend que depuis les années 70, elle
est une égérie de la mode, la « consultante la plus adulée du vogue brésilien »
et rédactrice en chef de journaux prestigieux. Je n’avais aucune idée de qui
pouvait être cette dame...trop maquillée pour son âge et qui manie un anglais
dont on comprend que ce n’est pas sa langue maternelle …pour un peu elle
portait de la vraie fourrure et je la vouai à une éternité de mauvais sort.
J’avoue, je sentais l’agacement monter vers les stéréotypes de mon cerveau
reptilien !
Et puis elle s’est mise à parler avec simplicité et humour de la mode ou plutôt des modes. Et, face au regard lucide qu’elle porte sur elle-même, sur la mode et le diktat des apparences, je commence à trouver cette dame de 70 ans tout à fait sympathique et je prends un vrai plaisir à l’écouter :
Je partage avec elle cet agacement que " Le luxe n’est plus rare » et surtout qu'il est devenu une obligation plus ou moins explicite : il faut avoir son Vuitton à la main, ses Manolo Blanik (ou Louboutin) aux pieds et quelques portants issus d’Isabel Marant (par exemple). Même dans « Sex and the City », qui est devenu avec le temps une vitrine ouverte de mode, avoir un vrai Fendi ou le Kelly d’Hermès a un sens et un coût qui ne se traduit pas en monnaie trébuchante mais bien en efforts et parfois en douleur.
Pour moi, un objet précieux doit être une récompense et/ou un formidable souvenir, sans quoi je sais que je vais finir par le mépriser ou pire l’oublier.
Ma principale préoccupation, quand j’anticipe et je rêve le prochain voyage c’est bien de revenir avec des produits uniques (gants ou robes…mais ça vaut aussi pour la pâte à tartiner Gianduja qu’on ne trouve qu’à Venise ***) et qui ont mérité le déplacement et l’argent que j’y ai investi. Bien-sûr, cela me ravit de trouver des parfums anglais dans la boutique « Ombres portées » des garçons à Lille, mais je me faisais la réflexion que si une américaine à Paris me demandait de lui indiquer une marque de parfum introuvable ailleurs, je serais bien en peine de lui répondre, en dépit de l’étendue de mes connaissances en matière de senteurs divines.
Plus loin dans la vidéo, quand Garance lui demande quel est l'éternel féminin, elle assure que tout n’est finalement qu’un éternel recommencement, les silhouettes se succèdent et ne se ressemblent pas. Un jour des années 50 on veut une femme-femme, le lendemain Twiggy fait sa loi. Mais pas pour longtemps : Laetitia Casta et Gisèle Bundchen sur le sable attendent leur heure...
(Récemment, j'ai relu Maupassant. Dans ses Contes Cruels, plus spécifiquement Melle Fifi, Il avait décrit ces canons de beauté à l'opposé l'un de l'autre. Mais, à cette époque ces deux types de femme sexy cohabitaient. Il y en avait pour tous les goûts et il ne s’agissait pas de prendre ou perdre 10 kilos selon les années).
Ce que Mme Pascolato exprime n’a pas vocation à
finir en citation éternelle dans le Lagarde et Michard -de toute façon,
rien ne m’agace plus quand la mode se prend au sérieux et se targue de
références qu’elle ne maitrise pas - mais je comprends pourquoi elle a su résister à ce milieu aux carrières éphémères. Et puis elle s’est mise à parler avec simplicité et humour de la mode ou plutôt des modes. Et, face au regard lucide qu’elle porte sur elle-même, sur la mode et le diktat des apparences, je commence à trouver cette dame de 70 ans tout à fait sympathique et je prends un vrai plaisir à l’écouter :
Je partage avec elle cet agacement que " Le luxe n’est plus rare » et surtout qu'il est devenu une obligation plus ou moins explicite : il faut avoir son Vuitton à la main, ses Manolo Blanik (ou Louboutin) aux pieds et quelques portants issus d’Isabel Marant (par exemple). Même dans « Sex and the City », qui est devenu avec le temps une vitrine ouverte de mode, avoir un vrai Fendi ou le Kelly d’Hermès a un sens et un coût qui ne se traduit pas en monnaie trébuchante mais bien en efforts et parfois en douleur.
Pour moi, un objet précieux doit être une récompense et/ou un formidable souvenir, sans quoi je sais que je vais finir par le mépriser ou pire l’oublier.
"Avant, on pouvait faire des découvertes, c'était réjouissant" Costanza PascolatoJ’ai aussi cette désillusion de retrouver maintenant partout où que j’aille, Rome, Londres ou Saint Martin les mêmes enseignes, les mêmes styles.
Ma principale préoccupation, quand j’anticipe et je rêve le prochain voyage c’est bien de revenir avec des produits uniques (gants ou robes…mais ça vaut aussi pour la pâte à tartiner Gianduja qu’on ne trouve qu’à Venise ***) et qui ont mérité le déplacement et l’argent que j’y ai investi. Bien-sûr, cela me ravit de trouver des parfums anglais dans la boutique « Ombres portées » des garçons à Lille, mais je me faisais la réflexion que si une américaine à Paris me demandait de lui indiquer une marque de parfum introuvable ailleurs, je serais bien en peine de lui répondre, en dépit de l’étendue de mes connaissances en matière de senteurs divines.
Plus loin dans la vidéo, quand Garance lui demande quel est l'éternel féminin, elle assure que tout n’est finalement qu’un éternel recommencement, les silhouettes se succèdent et ne se ressemblent pas. Un jour des années 50 on veut une femme-femme, le lendemain Twiggy fait sa loi. Mais pas pour longtemps : Laetitia Casta et Gisèle Bundchen sur le sable attendent leur heure...
(Récemment, j'ai relu Maupassant. Dans ses Contes Cruels, plus spécifiquement Melle Fifi, Il avait décrit ces canons de beauté à l'opposé l'un de l'autre. Mais, à cette époque ces deux types de femme sexy cohabitaient. Il y en avait pour tous les goûts et il ne s’agissait pas de prendre ou perdre 10 kilos selon les années).
Et, voilà comment, en quelques mots, je peux finalement me sentir proche d'une inconnue vers qui mon regard ne se serait jamais porté et j'ai envie d'en savoir davantage sur elle. Le monde alors revêt pour moi d'autres couleurs. Ce type de rencontre apporte un petit plus dans ma foi en l'être humain, comme si un soir de novembre. alors que je suis perdue, quelqu'un dans la rue me mettait dans la main un papier avec quelques mots plein de sens.
Maintenant, j'avoue être dans l'impasse : comment vais-je réussir à faire le
lien entre ce que je viens d’écrire et une fille qui porte le voile ? J’avoue
que la seule idée qui me vient à l’esprit, c’est une scène dans Sex And the city 2. Cette scène que
je trouve plutôt bancale, fait rencontrer des musulmannes et les 4 héroïnes, très étonnées de les découvrir très à la mode une fois qu’elles retirent leurs superpositions de voiles noirs.
Quel que soit notre pays ou notre apparence religieuse, nous sommes toutes obsédées
par Prada ? Pfou, ça ne va pas bien loin tout ça…
Non, je vais essayer d’être plus fine et utiliser
avec modestie les mots de Costanza:
« La mode est le seul métier où l’apparence est primordiale car vous êtes jugés en permanence et votre apparence influe sur la perception que les gens auront de votre travail »Elle a l’intelligence de cantonner la façon dont on s’habille au domaine où elle a le plus sa place. Pourtant, la réalité nous rappelle que cette position, que nous devrions tous partager, ne l’est pas. L’apparence joue un rôle fondamental dans notre relation aux autres.
Il y a quelques semaines, j’ai suivi une formation pour le
TOEIC et au bout de quelques jours, j’ai dit à mon chéri « cela va t’étonner
mais la personne avec qui je m’entends le mieux, c’est Naouel, une fille qui porte le
voile ». Ce à quoi il a répondu que cela ne l’étonnait pas
tant que ça car la vie est plein de surprises et que j’aime les surprises. Pourtant je dois être honnête : La vision dans la rue d’une femme portant un
voile me meurtrie et m’agace. J’ai
appris à connaitre des personnes d’origine maghrébine et parfois d’obédience musulmane
lors d'un précédent emploi. J'y avais rencontré des personnes courageuses, des personnes qui ne se présentaient pas aux entretiens d’embauche
car, par exemple, elles n’avaient pas fini leur vaisselle (véridique) ; mais
aussi certaines qui s’étaient battues en Algérie ou face à leurs proches en France pour ne pas
porter le voile alors que d’autres le revendiquaient. Je me souviens en particulier d'une très jeune femme qui me faisait de longs discours sur sa foi tout en portant
des sous-vêtements que j'avoue avoir des difficultés à les qualifier de façon neutre ? (comment je
le sais ? mais parce qu’ils étaient visibles)
Vous me direz que je ne suis pas concernée et que je
pourrais faire comme si je n’avais pas vu mais je crois que nous sommes
connectés d’une façon ténue mais persistante (Je ne suis pas en train de délirer
ni de vous parler new-Age mais de travaux en psychologie qui ont prouvé l'impact
de tous sur un seul). Et puis cela crée forcément en moi ce qu'on appelle une dissonance cognitive. Pour faire simple et ne pas perdre votre attention : Je demande à
mon cerveau d’associer deux éléments contradictoires (pour moi : des chasseurs
qui aiment les animaux ou le orange est une couleur qui me va), ce qu’il refuse
de faire parce qu’il ne trouve pas de lien logique. Il crée donc en moi un malaise pour me rappeler que je ne
dois pas lui demander des choses impossibles en l’état actuel des choses. Si
cette image est plus parlante pour vous, imaginez de faire entrer un cube dans
un cercle, tous deux de tailles différentes. Oui, deux cercles de taille
différentes ne conviennent pas davantage **, mais vous me comprenez, n’est-ce
pas ?
Pourtant face à Naouel, mon cerveau n’a pas dysfonctionné.
Et au fur et à mesure des jours il m’est devenu évident que j’avais de l’affection
et de l’admiration pour elle. Ce qui confirme d’une part mon mantra digne d'un
normand qui se résume à « il y a des cons et des gens bien partout ».
Ce que je peux compléter un autre de mes mantras « nos opinions se construisent et reconstruisent par nos expériences de vie » et par une citation de Boris Vian que j'aime car elle reconnait le droit à la différence et à l'individualité :
« Ce qui m'intéresse, ce n'est pas le bonheur de tous les hommes, c'est celui de chacun »
J'ai des préjugés comme les autres, je viens d'en faire la démonstration mais j'essaie de ne pas généraliser trop souvent. J'avais appris durant mes études qu'on n'est jamais exempt de ses propres stéréotypes, mais qu'en avoir conscience permettrait d'en abandonner quelques uns.
* http://www.garancedore.fr/category/features/pardon-my-french/
**il s’agit d’une autre opération pour notre cerveau :
Il doit alors, grâce à de nouveaux élèments qu'il va chercher, ajuster le cercle ou le rond qui y entre afin de créer une association qui
fonctionne. Transposez cela aux idées,
concepts, valeurs ou perceptions et vous aurez…tout compris !
*** Si vous y allez un jour, je vous donnerais l’adresse